L'Afrique me manque...
C'est tellement banal, tellement cliché que de dire "l'Afrique a gardé un morceau de mon coeur", et pourtant...
J'en ai les larmes aux yeux ce soir, comme souvent.. je ne peux pas accepter l'idée que je ne reverrai sans doute jamais mon coin d'Afrique à moi... ça me déchire le coeur. Quand on voit des images d'afrique centrale, nous somme scotchés, et quand nous voyons Franceville, nous sommes comme ensorcellés. "C'est chez nous !! Regarde !! Poto-poto!! l'Ogooué!" De toute façon je ne râte plus un film ou un documentaire qui se passe en Afrique, et j'ai chaque fois le coeur serré, et les yeux fébriles...
Ho, il y en avait des désagréments, mais on n'est nulle part vivant comme en Afrique. En afrique la vie est dans l'air que l'on respire, on l'inhale, on la foule du pied, on la dévore des yeux, et elle nous remplit de sensations, de bruits, d'odeurs, on en a plein les yeux...
Ici, en France, c'est le confort, la sécurité mais c'est la morne vie, sans saveur, sans couleurs...
Qu'est-ce que je regrette le plus?
Descendre de l'avion à Libreville, et avaler goulument ma première gorgée d'air nocture saturé d'humidité, le vent chaud, la peau moite, les odeurs fauves et douces, et les visages bantous autour de moi, les gens habillés de différentes façons mais toujours élégants... les douaniers, les taximens, la lumière blafarde de l'aéroport, ho rien que d'y penser... Et ensuite le voyage dans le taxi jusqu'à l'hôtel... Ho mon dieu comme j'ai bien fait chaque fois de le savourer comme un moment précieux... Les cheveux attachés et le bras au vent par la fenêtre, pour pouvoir sentir cet air riche et caressant, chaud et humide, dévorer des yeux la mer, les palmiers, les piétons, les petites baraques...
J'aime Libreville.
Et puis la vie à Franceville. Les trajets en 4x4 sur la route entre Franceville et Ngouoni avec les surgelés qui ramolissent sur la banquette, la forêt, les vendeuses sur le chemin... Les excursions à l'aventure par ci par là.. Kabaga, Bakumba, lékoni, kessala, les vignes à Assiami...
Et puis Angela... Angela, mon amie, tu me manques énormément. Souvent tu m'as demandé de t'emmener dans mes valises, et je sais que si cela avait été possible, je serais plus heureuse aujourd'hui. Tu m'as tellement appris sur ton pays et sur ton peuple ! Tu m'as tellement donné d'affection, de tolérance, de gentillesse... Tu m'as donné ta confiance, et toutes deux nous savons à quel point...
Très souvent je rêve du Gabon. Enfant je rêvais que j'allais dans une sorte de kenya idéal, chevaucher des éléphants et admirer girafes, zèbres et guépards... Aujourd'hui quand je rêve de l'Afrique, c'est avec le profond amour de celui ou celle qui y a vécu, je rêve de mon petit Ngouoni, je rêve que j'y retourne, et c'est toujours merveilleux, le bonheur.. et toujours Angela tu es là pour m'accueillir, avec ta gentillesse, ton amitié, et ton pardon. Ton pardon parce que, quelle tristesse, quand je suis partie, je t'ai offert tout ce qu'il nous restait, je t'ai serrée contre moi, j'ai pleuré les palmiers, ngouoni, franceville, libreville... et j'ai oublié de noter ton numéro de téléphone. C'est ridicule n'est-ce pas? Je l'ai perdu stupidement en rendant le téléphone de fonction. Alors je t'ai laissée sans nouvelles, sans soutien, comme si tu n'avais jamais existé pour moi, et ça me fait peine...
Je me rends compte que j'oublie les détails, j'ai dû fouiller quelques fois dans mes photos pour retrouver certains noms... ça m'inquiète... Mon Afrique, déjà que tu me manques, je ne veux pas t'oublier. Quoi de plus triste que d'avoir la mélancolie de quelque chose qui n'est plus qu'une brume de souvenirs...
Les bistrots ont souvent des noms très romantiques - la forêt après la pluie - sur la route - Argiope levii
Hilaire le charmant guide amoureux des éléphants qui a réalisé mon plus vieux rêve, Henriette qui a souhaité sauver mon âme, Vincent toujours si aimable et bon, Parfait, Léon et tous les autres, et même ce satané Ruffin... Vous me manquez aussi...